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Affichage des articles du avril, 2011

Les tâches des souvenirs

Violacée enfance du temps aux éclats de senteurs de lilas. J'inspire le jour qui m'a réveillé l'essence. Sur son épaisse couverture grise, les morceaux de vert rapiécés ici ou là éclairent la ville de vies. J'aspire à sentir vibrer le rire qui nous secouait parfois. Le passé déambule d'une phrase à l'autre. Les tâches des souvenirs sont autant de coups de pinceaux qui dessinent en creux notre commune existence. J'enlace l'angoisse qui me sert de gorge. Aux pierres éventées les joues rosissent.

Le sucre de ce silence

L'arbre a déroulé ses feuilles que l'air a trempé de vert tendre. Elles flotteraient presque si la sève ne les tenait. J'engloutis le sucre de ce silence que tu m'as laissé et les angles ronds rompent notre mélo dit.

Le si lent mot qui nous désigne

Le ciel a dit gris et l'âme a suivi. Cahin-caha, elle s'est défaite de ses phrases et a enfilé le pyjama du silence, un silence bleu glacé. Comme cette cuillerée de non-sens que ta main a donné à ma vie grande ouverte. J'ai déplumé le nuage le plus frêle, il plane sans chair, sans corps, cent ans. Agriffés mes doigts coulissent le long de ton cœur, de ton cou. Quand sonnera la dernière peur. Je tendrai la paume de ma main pour te caresser la tête en l'air. Murmurant des instants se glisse le vent. J'étoile ton regard de diamants liquides. Lis et tais le si lent mot qui nous désigne.

Trembler la rigueur de la solitude

A l'encre blanche, je range de sèches souvenances. Je mouille l'arc en ciel plié en huit et en attente du soleil qui fera briller nos yeux les uns dans les autres. Je tricote des cumulus que j'enfile au ciel pour voiler sa nudité bleue. Ronde comme le soleil, ma voix désassemble les mélodies mortes avant de naître sur nos lèvres fânées. Je bleuis les chardons comme on pâlit. Extrême urgence du croisement des bouches en un baiser coquin. Je brûle mon esprit de langoureuses flammes masculines. J'entends les jours qui rompent leurs danses saccadées dans un bruit de couvert tombé. Mes lèvres tremblent lentement la rigueur de la solitude. Alors que ma main est encore lovée dans celle qui la broie. Baie déchirée aux voiles sanglées, la mer invente des bleux, des verts tout au long de mon univers intérieur. Et j'aquarelle de mes larmes les eaux perdues dans ta voix.

Le senti

Il a chuté, le senti ment. Restent les miettes, les tâches, les saletés. Tenir la main sous laquelle trépigne ton coeur, lui ouvrir la voix. Qu'il entonne, qu'il déclame. Et mes "toi" palpitent dans mon corps. Usuel, le senti nie. L'oeil baissé sur mon angoisse se peuple de larmes et de tristesse. Il y a la douleur maintenant entre toi et moi qui s'étale, qui s'épanche. J'ai beau tendre un fil de toi à moi, mes doigts ne t'atteignent plus et seules les blessures font encore ce trajet-là. Ma main, ma bouche peinent à dire vrai. Seul mon coeur muet crie ton chagrin et mon amour.

Hérésie

Hérésie des peaux éloignées. Jusqu'à la voix qui se hante elle-même. Le soleil raye, le son se réinvente sous le diamant qui picore les pastels pour s'en couvrir dans un pétillant silence. Mais je ne peux tenir ma main pour me rassurer ni m'expliquer pour me réconforter. Je me tiens deux bouts.

Ouverture

Au fil de l'eau, l'hirondelle traverse la route et le ciel. Dézippé le ciel vomit ses gros nuages bouclés. Le long de la glissière, nos coeurs démêlés se blessent. Les doigts en croix, nos mains se tiennent et broient notre bonheur. Quand nos regards coulissent, les larmes rouillent mes yeu embrouillés. Pour arrêter de s'aimer, il faut ne plus rien semer dans les coeurs, les laisser en friches. Que non-chalant, le temps ne nous passe aucun caprice. Et l'oeil en poussièré cligne quand tu le rinces. De tout mon corps, je retiens le tien, chaque grain est aimant. Mon esprit a fui par les interstices, plus fluide que l'eau la plus plate. Il n'est plus retenu par le tien, il vaque vaguement. Mes seaux de larmes rouillées sont renversés dans l'herbeuse tendresse. Verbeuse, l'air gueuse, je ne suis plus qu'une silhouette de mot et l'r ravi ronge nos substances.

L'impertinence

Au merle, l'impertinence dévoue ses sifflements. Eclat de soleil posé sur la cheville, je glisse une main taquine au fond de toi, dans ta plus profonde lumière. Je bricole des reflets les yeux mi-clos. Il est une désespérance dans la forme d'une goutte. Pour celui qui ne savoure pas. Les baluchons de fatigue pèsent sur les paupières. Et les yeux clignent au temps.

A l'ourlet de nos bouches

Un mur de peau se dresse sous le rideau d'eau.. Le ciel ment élégamment dans son déshabillé de nuages. Le doigt courbé trace des respirations au sortir des lèvres. Le silence opaque sonne en mode mineur. A l'ourlet de nos bouches, les baisers se précipitent et cascadent au flanc des peaux. Le mur qui nous sépare est orné de temps, on est dedans.